HOMMAGE A NOTRE AMI SAMUEL PISAR

Philippe Benguigui, Président de Zakhor Pour la Mémoire avait pu rencontrer et dîner avec le Dr Samuel Pisar, Ambassadeur Honoraire et Envoyé Spécial de l'UNESCO pour l'Enseignement de l'Holocauste afin de lui exposer les actions et les missions de Zakhor Pour la Mémoire. Il avait souhaité pouvoir venir à Perpignan afin de venir découvrir le Mémorial du Camp de Rivesaltes. Malheureusement, il n'aura pu combattre son accident vasculaire cérébrale, c'est ainsi que le célèbre avocat américain, plus jeune rescapé de la Shoah est mort ce mardi 28 juillet 2015. Défenseur des droits de l'homme, il avait aussi été le conseiller de J.F Kennedy. Nous partageons la peine de toute sa famille et de ses amis et leur apportons toute notre fidélité  avec nos sincéres condoléances, en ces moments difficiles.
 
 
Samuel Pisar est né en 1929 en Pologne, il est l'un des plus jeunes rescapés de la Shoah avec un impressionnant parcours dont on admire la force morale, l'optimisme, les exploits pudiques. Son Curriculum vitae donne le tournis : diplômé de Harvard et de la Sorbonne, avocat international de renom, conseiller pour Kennedy sur le commerce Est-Ouest, auteur de livres visionnaires de géopolitique et d'économie ainsi que du très personnel Sang de l'espoir... Et aujourd'hui, à 85 ans, ambassadeur de l'UNESCO pour l'enseignement de l'holocauste et des génocides. « Tout au début, ma vie a été extrêmement heureuse », commence-t-il. Sa famille vit à Bialystock, dans une grande maison d'un quartier aisé, où l'on parle français, yiddish et polonais. En prenant la ville en 1941, les Nazis expulsent la famille dans un ghetto juif. Samuel Pisar est enfermé au camp de travail de Majdanek, avant de passer à Auschwitz et Dachau. « Peut-on raconter l'holocauste ? » lui demande Stéphanie Bonvicini. Il marque un temps. « Ce n'est pas agréable. » Mais il le fait, sobrement, et avec dignité – parvenant même il y a peu à mettre des mots sur l'enfer, en écrivant des paroles pour la symphonie Kaddish de Leonard Bernstein. A la Libération, il a 16 ans. Il sillonne l'Allemagne à moto, vend du café au marché noir. Un demi-siècle plus tard, il n'a oublié aucun détail de cette vie de liberté. Après quelques mois à Paris, il part vivre en Australie, puis étudier à Harvard. Repéré par un sénateur démocrate, un certain John Fitzgerald Kennedy, le jeune homme le conseille sur le commerce Est-Ouest. Il se prononce pour la libération des Juifs de l'Union soviétique et pour la coexistence pacifique – à son propos, on parle alors de "pisarisme", un terme repris par Kennedy, puis Henry Ford, Eisenhower, Jean Monnet, ou Willy Brandt. Tout, dans cet homme comme dans son récit, force le respect. Lui demeure impassible. Au-delà de ses souvenirs, il conte le monde qu'il a connu. En 1963, l'assassinat de J.F.Kennedy le bouleverse, et le pousse à se retirer en Californie. Devenu avocat, il plaide pour les stars hollywoodiennes. « Le monde se globalisait, et Hollywood avec lui, précise-t-il. C'était un travail sérieux, moins glamour que son contexte. » Il continue toutefois à se préoccuper des droits de l'homme, voit le prix Nobel de la Paix lui échapper en 1973 au profit d'Amnesty International. L'histoire de Samuel Pisar se confond avec celle du XXe siècle.

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