SALUT A TOI, L’AMI JORGE SEMPRUN

Ecrivain et homme politique espagnol Jorge Semprun est mort à Paris à l'âge de 87 ans ce Jeudi 07 Juin 2011. Il a été inhumé dans la plus stricte intimité en Seine-et-Marne et enveloppé dans un drapeau Républicain Espagnol. Jorge Semprun avait confié un jour vouloir être enterré dans ce même drapeau à Irun, ville du nord de l'Espagne depuis laquelle il franchissait pendant la clandestinité la frontière franco-espagnole. Un hommage solennel lui sera rendu au sein du prestigieux lycée Henri-IV où l'écrivain avait été pensionnaire, avec son frère Gonzalo, quand il était arrivé à Paris à la fin des années 1930. En effet, Jorge Semprun, résistant, déporté, dirigeant clandestin du Parti communiste espagnol (PCE), écrivain, ministre, avait été le témoin des grandes déchirures politiques du XXe siècle, dont il a tiré une œuvre marquante en littérature et au cinéma. Jorge Semprun fût très marqué par la seconde guerre mondiale où il s'engagea dans un réseau de la Résistance. Mais en septembre 1943, il sera arrêté par la Gestapo, à l'âge de 19 ans, et déporté à Buchenwald. A la libération du camp, en avril 1945, il choisit « l'amnésie délibérée pour survivre ». Il rompra ce silence en 1963 avec son premier récit, Le Grand Voyage, et reviendra notamment sur cette expérience douloureuse en 1994, dans « l'Ecriture ou la vie ».
 
 
Bien des années plus tard, il devient traducteur à l'Unesco puis repart pour l'Espagne où il coordonne l'action clandestine du Parti communiste espagnol sous le pseudonyme de Federico Sanchez. En 1964, le chef du PCE Santiago Carillo l'exclut du parti pour « déviationnisme ». Contraint une nouvelle fois à l'exil, coupé de l'activisme politique qu'il considère comme « la création la plus pure », Jorge Semprun choisit alors d'entrer en « littérature », compagne de ses années de jeunesse parisiennes et de Buchenwald, où il fuyait la promiscuité en se plongeant dans la poésie. En 1985, invité de l'émission télévisée « Apostrophes », de Bernard Pivot, il expliquait pourquoi, lui, espagnol, avait fait le choix d'écrire en français. Aujourd'hui, son ouvrage « l'écriture ou la vie » restera le chef d 'œuvre de sa vie. C'est avec une émotion particulière que nous adressons à sa famille et à ses proches nos sincères condoléances. Nous garderons désormais en mémoire les moments délicieux que nous avons passés à ses côtés soutenant ainsi nos actions et nos missions au sein de notre Association Zakhor Pour la Mémoire et en particulier lors sa visite en Roussillon avec ses amis intimes comme Françoise Malraux et André Bonet, Président du Centre Méditerranéen de Littérature.