ARISTIDE DE SOUSA MENDES : LE CONSUL DE BORDEAUX
Rien ne prédestinait Aristide de Sousa Mendes diplomate portugais aguerri de 55 ans, issu de la noblesse catholique Portugaise du 19è siècle, à accomplir, en son âme et conscience, les choix qui ont bouleversé sa vie et celle de sa famille. Au printemps 1940 , pour la première fois de sa carrière professionnelle, consacrée au service de l'Etat et de son pays, Sousa Mendes a délibérément décidé de désobéir aux instructions fermes de sa hiérarchie, du gouvernement portugais et de Salazar en ayant conscience de sacrifier ainsi sa carrière professionnelle. Nommé Consul du Portugal à Bordeaux par Salazar, Sousa Mendes s'y installe le 29 septembre 1938. Au déclenchement de la seconde guerre mondiale, Sousa Mendes doit suivre et mettre en valeur la politique de neutralité du Portugal. A ce titre, pour toutes les missions diplomatiques portugaises, cela signifiait le respect scrupuleux de toutes les instructions des autorités et notamment de la dépêche « circulaire 14 » adressée par Salazar le 17 mai 1940 interdisant toute délivrance de visa sans autorisation ministérielle préalable.
Mais au mois de Mai 1940, Bordeaux devient la capitale provisoire de la France et accueille le gouvernement de la France et les gouvernements en exil de nombreux pays après leur défaite ou leur déroute. Bordeaux reçoit des milliers de réfugiés qui affluent de toute l'Europe et cherchent à fuir la guerre. Sous les fenêtres de son appartement, il aperçoit des foules immenses envahissant la ville, ces désespérés et persécutés fuyant l'avancée nazie : opposants politiques, démocrates, communistes, apatrides, Juifs, intellectuels, hommes politiques, etc. Confronté à un terrible dilemme personnel, Sousa Mendes décide de braver les instructions de Salazar sur les visas et de désobéir. Jugeant les ordres de Salazar indignes de la Nation dont il est un citoyen et serviteur : « la circulaire 14 est anticonstitutionnelle car elle est raciste et la Constitution du Portugal l'interdit » Sousa Mendes délivre des visas à la chaîne pendant près de deux semaines à Bordeaux, Hendaye puis Bayonne. Il cherche à éviter par tous les moyens les fonctionnaires portugais lancés à sa recherche pour le démettre de ses fonctions. Au total, quelques 30.000 personnes - dont 10.000 Juifs et 20.000 autres de toutes nationalités, toutes origines ou confessions - ont pu bénéficier d'un « visa Mendes » et fuir la France et L'Europe en guerre à la veille de la capitulation de la France. Salazar radie Aristide de Sousa Mendes de la fonction publique le 30 Octobre 1940, et interdira à quiconque en sa présence de prononcer son nom. Il louera néanmoins le comportement du Portugal envers les réfugiés dès 1939, c'est-à-dire essentiellement l'action de Sousa Mendes, afin de pouvoir être épargné par les alliés. Les milliers de « passeports Mendes » seront comptabilisés en faveur du régime dictatorial portugais qui va survivre jusqu'à la révolution des œillets d'avril 1974 sans que Sousa Mendes ne puisse être réhabilité et reconnu de son vivant. Sousa Mendes meurt, le 3 Avril, 1954 dans le dénuement le plus total après avoir été contraint d'envoyer ses enfants en exil hors de son pays natal. Le processus de reconnaissance dû à cet homme et à son courage commencera en 1961, à l'extérieur du Portugal, lorsqu'un arbre est planté à sa mémoire à Jérusalem dans l'allée des Justes parmi les Nations. En 1966, le mémorial de Yad Vashem, chargé de veiller sur la mémoire des « martyres et héros de l'holocauste », émet une médaille commémorative frappée au nom de Aristide de Sousa Mendes. Ses qualités de « Juste » sont enfin pleinement reconnues à l'étranger. Le Parlement Européen, en Novembre 1998, a rendu un hommage solennel à Aristide Mendes Do Amaral E Abranches, Consul du Portugal à Bordeaux de 1938 à 1940, qui sauve 30.000 européens. Aujourd'hui, dans le Néguev, une forêt de dix mille arbres porte son nom, à Montréal, un jardin d'enfants, à Bordeaux, une rue à Lisbonne, un lycée et une station de métro. Le Comité National d'hommage à Aristide de Sousa Mendes et la Fondation Sousa Mendes qui a été créée le 23 février 2000 ont pour vocation, le premier, de relayer les actions de sa famille et de ceux qui se sont battus pour réhabiliter et honorer la mémoire du Consul de Bordeaux, la seconde de divulguer et défendre les Droits de l'homme et les idées Démocratiques moderne à partir de l'exemplarité de Sousa Mendes. Au Portugal, ce n'est qu'en 1988 que Sousa Mendes a été rétabli dans son honneur de haut fonctionnaire au service de sa Nation, ce n'est qu'alors qu'il a été intégré dans la carrière diplomatique avec le titre d'Ambassadeur et cela malgré la chute du régime dictatorial de Salazar en 1974. Ce fût en présence du réalisateur Joao CORREA et du producteur Henri SEROKA que cette projection se déroula au Cinéma le Castillet avec prés de 200 Personnes présentes pour cette avant première très émouvante. Au terme de la projection environ 60 personnes partageaient un dîner au « Grand Café de la Paix » de Perpignan pour célébrer le travail merveilleux de nos invités présents.